L'Hôtel du Parc et du Château

Une étude de Sandrine Dupuy

L'Hôtel du Parc et du Château
La demeure des Esbrard de la Vallonne

Le château aurait vraisemblablement été construit par une grande famille de notaires originaire du Champsaur, les Esbrard de la Vallonne, apparue à Villard-de-Lans au XVIIe siècle. Dans son article paru dans les cahiers du Peuil n°2 sur la famille des Esbrard de la Vallonne, François Bonnet nous apprends que « c'est vers les années 1760 qu'Antoine Esbrard a dû faire construire, au centre du bourg, une grande demeure agrémentée d'un parc de deux hectares. Le chiffre de 1761 inscrit sur le linteau d'une porte, fait foi de la date de construction. (…) Dans cette résidence, les Esbrard devaient venir passer les mois d'été, y recevoir leurs amis et se conduire en tous points comme les nobles de leur époque. »

Au XIXe siècle, elle devient propriété de M. Jullien

On peut observer ensuite, dans le cadastre napoléon, qu'elle appartient au XXe siècle au notaire Jean Baptiste Gabriel Joseph Jullien (9 novembre 1775 – 31 décembre 1835), qui sera par ailleurs maire de Villard-de-Lans de 1810 à 1817, puis de 1822 à 1835.
On ne sait pas encore comment il l'a acquis, ni quand exactement, mais M. Jullien, ou en tous cas son père (Jean Gabriel Jullien), était un proche des Esbrard de la Vallonne. En effet, ce dernier faisait gérer ses biens part le notaire Jean Gabriel Jullien (8 novembre 1738 – 25 mars 1805), qui était également considéré comme son homme d'affaire. C'est ce qu'on remarque dans les délibérations du 8 novembre 1772.
Lors de cette séance, « a comparu maître Esbrard de la Vallonne, trésorier de France en la Généralité, assisté de M. Jean Gabriel Jullien, notaire au Villard-de-Lans, son homme d'affaires, lesquels nous ont requis de remettre au Sieur Piffard (le beau père de Jullien, qui assiste à la séance), marchand au présent lieu, les parcellaires de la communauté qui sont en notre pouvoir… ». Le châtelain Aimard refuse, étant donné que « le sieur Piffard n'avait aucun dépôt public ».
Ils sont encore présents ensemble lors de la séance du 19 mars 1804, dans laquelle on apprends qu'ils ont tous deux offerts des ornements sacerdotaux et le mobilier nécessaire à l'office, qui avaient été pillés pendant la révolution. Ils obtiennent en compensation le retour du droit de jouissance des meilleurs bancs de l'église, droit qu'ils avaient perdu pendant la révolution.
Jean Gabriel Jullien s'était entre-temps largement impliqué dans la vie de la commune, en étant omniprésent au conseil municipal, secrétaire puis commissaire de la Commune. Il décède en 1835, et l'année suivante, son fils Jean Baptiste Gabriel s'implique à sont tour dans la vie de la commune en se faisait nommer au conseil municipal.
Si c'est ce dernier qui a acquis le château, on peut supposer qu'il l'a fait à cette période là. Il devient lui aussi une figure locale importante, en étant maire de la commune pendant vingt ans, et notamment en développant considérablement les routes du plateau. Il ne se marie pas et n'a pas d'enfants.

De 1835 à 1894, le Château Bertrand

Jean Baptiste Gabriel décède en 1835, et lègue ses biens à la famille Bertrand ; le château passe alors par héritage à son neveu Félix Eusèbe Eugène Bertrand(9 juillet 1809, Autrans – 11 décembre 1854, Villard-de-Lans ). Celui-ci se marie à sa cousine Sophie Amélie Véronique Jullien (14 avril 1815 – 18 mars 1894). Tous deux ont un enfant, Alfred Bertrand (3 octobre 1837 – 11 février 1871).
C'est une famille importante. M. Bertrand est notaire, comme son oncle, et on remarque également dans les recensements de l'époque, qu'ils ont toujours deux à quatre domestiques à domicile. Il est par ailleurs très impliqué dans la vie commune. Il est membre du conseil municipal, maire de Villard-de-Lans pendant 1 an, de 1837 à 1838, puis conseiller général.
Après son décès, sa femme et son fils vivent tous les deux au Château. Tous deux, généralement désignés comme « les héritiers Bertrand » se sont par ailleurs lancés dans des poursuites contre la commune, pour lui réclamer le remboursement des frais avancés par M. Jullien lorsqu'il était maire, pour la construction de routes. Ils font dans le même temps des dons pour permettre à la commune l'acquisition d'un bâtiment pour le bureau de bienfaisance. Puis Alfred meurt prématurément d'un accident de chasse, à l'âge de 34 ans.
Sophie Jullien habite donc ensuite seule au Château jusqu'à sa mort en 1894. Elle continue d'être une figure importante au Villard, et fait d'ailleurs un legs considérable à la fabrique de l'église pour sa reconstruction.
Le château appartient donc pendant un long moment aux Bertrand, d'où le nom qui lui est donné au début du 19ème siècle, « le château Bertrand ».

L'Hôtel du Parc et du Château jusqu'en 1940

NDLR : EN TRAVAUX ! A COMPLÉTER ! LE CHÂTEAU DEVIENT HÔTEL ET PROPRIÉTÉ DE LA FAMILLE GUICHARD.

Le lycée Polonais

NDLR : voir par ailleurs !

L'Hôtel du Parc et du Château de 1946 à 1962

Au lendemain de la guerre, il redevient un hôtel jusqu'en 1962.

La ville d'Avignon

L'hôtel est alors vendu à la Ville d'Avignon, qui s'en sert de centre de colonie de vacances. La vente de l'Hôtel du Parc et du Château a posé beaucoup de problèmes à l'époque. En effet, le docteur Lefrançois, tous juste entré dans ses fonctions, va fermement s'opposer à cette vente. Il déplore la perte d'un hôtel à Villard-de-Lans et refuse de voir une colonie de vacances s'installer dans le centre de la station.

Aujourd'hui

En 2000, le château est racheté par la commune, qui souhaite conserver cet édifice ancien pour sa valeur historique, et travaille actuellement sur un projet de centre culturel comportant un musée du Lycée Polonais, un salon d'honneur et de réception, une bibliothèque d'art, une salle d'exposition, une salle de réunion, un point info parc, ainsi qu'un parc public.