Lycée
Polonais

Les relations avec les Villardiens

Les relations entre les communautés française et polonaise ne sont pas sans problème. Ici, une communauté en majorité agricole et commerçante. Là, une microsociété créée de toutes pièces rassemblant une élite étrangère. Deux histoires, deux cultures différentes. Et la barrière de la langue.

Un match de foot aux Geymonds

Côté Français, d'abord une certaine méfiance. La guerre n'a-t-elle pas démarré en Pologne ? Sans elle, la France serait encore en paix !

Côté Pologne, l'union.
Étrange amalgame que composent ces professeurs et élèves d'origines si diverses, vivant en vase clos dans une période où les événements ne laissent personne indifférent.
La peur et les difficultés les unissent. Peur d'une visite de la police française ou allemande, de l'arrestation, de la déportation. Peur de voir les proches en Pologne, en Lorraine ou ailleurs disparaître. Peur de la famine. Difficultés de la vie quotidienne. Il faut tout faire soi-même. Avoir dans son assiette une pomme de terre de plus que son voisin déclenche un drame…
La peur et les difficultés les unissent, mais surtout il faut faire front. Être fier d'être Polonais. Être un îlot de résistance. Ne pas avoir trop de contacts avec les habitants de ce pays qui a capitulé devant l'ennemi et signé un armistice infamant. Se préparer à retourner dans une Pologne libérée en ayant préservé toutes ses valeurs. Le repli sur soi est alors une vertu, l'assimilation une trahison.

Alors l'on peut croire que des tensions inévitables vont se développer entre Polonais et Villardiens. C'est plutôt le contraire qui se passe. Avec le temps, les liens se tissent.

En fait, avant même l'arrivée des élèves, le Lycée est bien accueilli et les problèmes de ravitaillement sont résolus au mieux. Quand élèves et professeurs sont là, le pays compatit. Il partage la douleur et l'angoisse de ces exilés.
La mise en place d'équipes sportives permet de trouver un langage commun avec la population locale. Les Polonais s'engagent dans des tournois avec ou contre les Villardiens.
Les deux refuges traditionnels des Polonais – le chant et l'église – s'ouvrent aux Villardiens. Le village s'invite à la messe des Polonais. Il est aussi convié dans la salle de cinéma pour des concerts. Il est le témoin des fêtes traditionnelles célébrées : chants patriotiques, coutumes folkloriques parfois en costume.
Toutes ces activités contribuent considérablement à renforcer les liens avec les Villardiens. Elles provoquent d'abord la curiosité, puis la sympathie et le respect. Des Françaises demandent à recevoir des cours de polonais pour avoir un meilleur contact avec la population du Lycée. Et puis la vie matérielle des Polonais se confond avec celle des Français, avec les mêmes restrictions quotidiennes. Enfin, la présence de professeurs de français facilite les choses : ils jouent, surtout au début, le rôle d'intermédiaires.

Les années passent, les promotions se succèdent et les liens avec la population villardienne se renforcent. C'est finalement dans un climat de coopération et d'amitié croissantes que vivent les jeunes Polonais.

Tout n'est pas parfait pour autant.
Le renouvellement du bail, en 1943, donne lieu à des négociations épiques. Les propriétaires soulignent que les élèves jouissent des locaux "d'une manière détestable" et demandent à être dédommagés pour les exactions et destructions de matériel. Le Lycée n'a pas les moyens de payer. Le préfet de l'Isère, au nom de l'ordre public et de l'intérêt national, réquisitionne finalement les locaux. Le bail est maintenu aux conditions tarifaires initiales.

Certains Polonais restent méfiants. Pourtant jamais ils ne font porter sur leurs professeurs français ou sur la population le poids de leur mépris.
Un exemple ? Philippe Blanc, jeune professeur, choisit lors de son premier cours d'expliquer pourquoi, malgré la reddition de la France, il reste fier de son pays. Les jeunes élèves se lèvent alors et entonnent La Marseillaise, qu'ils connaissent par cœur. « Une émotion inoubliable. Le pacte était conclu », commentera Philippe Blanc.
Autre exemple : le 27 novembre 1942 la flotte française se saborde à Toulon pour ne pas tomber aux mains des Allemands. Le directeur Lubicz-Zaleski puis tous les professeurs présents viennent saluer solennellement Marcel Malbos, devant tous les élèves silencieux et graves. Et dans la salle à manger de l'Hôtel du Parc, dans le noir, dans la nuit, Zygmunt Lubicz-Zaleski s'installe au piano et joue une triste mélodie de Chopin.


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