Lycée
Polonais

La vie de tous les jours

Élèves et professeurs vivent dans les premiers jours une confortable "vie de château" dans un parc agréable. Dès les premiers jours Godlewski a trouvé du charbon : les élèves n'auront jamais froid. Côté ravitaillement, la réalité des restrictions du temps de guerre s'impose bientôt.

En route pour les travaux des champs

Topinambours, rutabagas, orge perlé, pommes de terre deviennent la base de l'alimentation. L'intendante, Mme Jadwiga Gostynska, se débrouille cependant toujours pour que le menu des fêtes de Noël ou de Pâques soit digne d'un temps d'abondance. C'est elle qui suggère à la direction de louer une ferme de douze hectares aux Geymonds. Tous les élèves participent alors à tour de rôle aux travaux des champs et l'ordinaire s'améliore.

La vie quotidienne est régentée par un emploi du temps assez strict. Une journée type commence vers 7 h, avec le réveil et le rassemblement une demi-heure plus tard. Par beau temps, ce rassemblement se fait dans la cour de l'Hôtel du Parc. Les élèves se rangent deux par deux, au garde-à-vous, récitent le "Notre Père" et entonnent un cantique polonais. Par mauvais temps, le rassemblement se fait dans la partie Château de l'Hôtel. Après le petit déjeuner, les élèves gagnent les salles de classe réparties dans les différents hôtels de Villard.
Cinq cours par jour sont programmés à partir de 8 h, avec dix minutes de battement entre chaque, ce qui permet aux élèves de se détendre et aux professeurs de se rendre d'un hôtel à l'autre. Les cours sont mixtes. À 10 h, une pause d'une vingtaine de minutes permet à tous de prendre une collation.
Les après-midi sont libres jusqu'à 16 h, quand commencent deux heures d'étude obligatoire. L'heure du repas est fixée à 19 h. Après le dîner, rassemblement, appel et chant du soir. On peut ensuite se détendre ou participer trois fois par semaine aux répétitions de la chorale.

Bien que l'on multiplie le nombre des internats, les conditions de logement ne sont pas brillantes et les élèves doivent parfois partager leur lit. Les conditions d'études sont difficiles, certaines salles de classes étant bien trop petites. D'autres ne sont que des salles de café transformées en lieux d'étude.

On ne peut pas qualifier l'atmosphère du Lycée de militaire. Il n'y a d'ailleurs pas d'instruction militaire à proprement parler. Les règles de vie strictes, les appels, les défilés au pas cadencé de l'Hôtel jusqu'à l'église ne sont que l'expression d'une discipline bien comprise. Une discipline indispensable au désir d'incarner la Pologne, en attendant de pouvoir rebâtir une nation à part entière.
Les élèves participent tous, en fait, à un esprit de liberté intérieure, à un sens de leur responsabilité individuelle. Si bien que jamais leurs longues plages de temps libre ne donneront lieu à des excès choquant pour la population.

Pendant les périodes de vacances, les élèves qui ont de la famille dans l'Isère ou alentour retournent chez eux. Les autres restent à Villard, organisent des excursions, travaillent aux champs…

La vie du Lycée en dehors des cours est très intense.

Sous l'impulsion de Witold Budrewicz, de nombreuses activités sportives sont organisées. Dès octobre 1940 des équipes de volley-ball et de basket-ball sont créées, puis de hockey sur glace, de ski, de bob, de boxe et de football.
Les résultats obtenus sont spectaculaires. Les équipes de ski et de boxe conquièrent de nombreux titres universitaires. L'équipe de hockey affronte régulièrement les équipes françaises de première division. Une année, elle n'est battue qu'en match retour par le champion de France Briançon. Quant aux footballeurs qui jouent au sein de l'équipe locale de Villard-de-Lans, certains parmi eux deviendront professionnels dans des équipes de première division.

Passionné de musique, le professeur de mathématiques Ernest Berger décide de créer une chorale. Il n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il a déjà dirigé les chœurs de la Société des chanteurs de Cieszyn (en Silésie) et ceux de l'université de Cracovie.
La chorale du Lycée comprend une trentaine de garçons. Au programme, chants religieux ou profanes, et même opéra, dont Berger construit de mémoire les arrangements. Elle participe à toutes les festivités du Lycée. Elle donne des concerts dans la salle de cinéma du village. Mais surtout, elle se produit chaque dimanche à l'église de Villard. Bientôt tout Villard abandonne la grand' messe de 10h et se rend à celle de 11h15, qui devient – et reste pour de nombreuses années d'après-guerre - la "messe des Polonais".
Bientôt, la réputation de la chorale dépasse largement le cadre local. Elle doit répondre à des invitations extérieures difficiles à refuser parce qu'elle sont toujours des manifestations de sympathie envers la Pologne. La chorale voyage donc : dans le département à Grenoble, Allevard-les-Bains… et au-delà, pendant les vacances, à Manosque ou Gréoux-les-Bains. Il est même question d'enregistrer les meilleurs chants dans les studios de la radio de Grenoble. Le projet prend forme… et est annulé au dernier moment, le Lycée ayant peur que ceux qui se rendent à Grenoble ne puissent revenir.

L'activité culturelle est également intense : concerts, séances théâtrales, cérémonies, anniversaires, folklore… Elle contribue à la conservation de la culture polonaise. Elle permet aussi de partager et répandre la culture polonaise.

Une partition originale du professeur Berger

Partition

Autour du professeur Berger, la chorale du Lycée en 1943

Chorale

Travaux des champs

Travaux

Repas

Repas

Pâques

Pâques

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